JUGEMENT-BOOGIE-WOOGIE

Article rédigé le 15/08/2017 à l’issue de la coupe du monde de Stuttgart.Pour le moins lors de cette compétition (et sur les précédentes), nous pouvons nous poser un certain nombre de questions sur les jugements rendus dans les trois catégories…Cette page est destinée à une réflexion sur le système de jugement du Boogie Woogie. Très loin du retentissement du patinage “artistique”, on peut aujourd’hui faire un parallèle avec ce qui s’est passé au patinage artistique à une échelle bien entendu toute différente. Il n’en reste pas moins vrai que l’histoire du patinage se reproduit de manière très similaire à la WRRC. Cela fait maintenant 5 ans que nous suivons les compétitions de Boogie (dont quatre ans de compétitions internationales – toutes catégories confondues junior, main-class et senior) Il faut bien entendu prendre beaucoup de recul car nos propres jugements sont influencés par “l’affectif” que nous pouvons développer par rapport à nos proches et/ou à nos danseurs “préférés”.

Le système de jugement a évolué il y a maintenant un peu moins d’un an (version finale mars 2017 du NJS), avec des critères très précis dans tous les domaines pour “normaliser” les jugements, cette étape était nécessaire mais n’est aujourd’hui pas suffisante, le système de jugement nécessite encore des évolutions pour rendre cette discipline totalement crédible. Le but affiché dans l’Abstract du document final n’est de notre point de vue clairement pas atteint :

“It also supports the judges in all aspects to do an efficient, fair and correct judgment with full transparency.
Continuous seminars and training sessions will be held for judges, coaches and dancers with the aim to secure the right skills an acceptance of the NJS.”

De notre point de vue, voici les modifications qu’il serait nécessaire de mettre en place pour que le boogie à la WRRC puisse espérer un jour acquérir ces titres de noblesse et que le groupe de travail sur l’expansion de cette discipline puisse atteindre ses objectifs :

  • fin de l’anonymat des jugements
  • augmentation du nombre de juges et sélection aléatoire des juges qui détermineront le résultat d’une compétition (7 juges par exemple par compétition et seul 5 jugements pris en compte de manière aléatoire par danseur en gardant la suppression du meilleur et moins bon jugement – évite le favoritisme et le de-favoritisme national entre autre ou les arrangements)
  • mise en place d’un système d’évaluation des juges par un comité indépendant des juges avec élimination des juges au fil des compétitions qui sortent de manière excessive de la moyenne des jugements.
  • Mise à disposition aux danseurs de la copie exact des grilles de jugement des tablettes pour tous les couples et pour chaque tour. (Peut permettre légitimement à chaque couple de voir où il faut travailler et garantit une certaine transparence dans le jugement)

Bien sûr ces propositions ne sont aujourd’hui pas immédiatement réalisables (sauf la première d’entre elles qui est facile à mettre en œuvre rapidement). Ces propositions sont issues de l’expérience acquises par des disciplines similaires qui ont été confrontées aux mêmes problématiques.

Nous pouvons aujourd’hui difficilement comprendre certains classements par rapport aux critères de jugement de ce nouveau système, un exemple parmi d’autre (en senior car c’est la compétition qui nous intéresse en priorité au Club de Boogie Connection) : Dance technique. Les choses sont clairement expliquées concernant la technique du pas de base. Comment certains couples seniors acquièrent-ils des points sur ce critère alors que leurs pas de base est quasiment inexistant ?

Autre exemple en Main Class : comment certains couples acquièrent-ils des points sur les figures (advanced et hightlight) quand on voit leurs prestations qui ne sont basées que sur le show ?

BOOGIE NJS CRITERIA 2017 08 16 094023

Nous savons que le jugement d’une discipline artistique est difficile (même très difficile et soumis forcément à une certaine subjectivité), mais nous trouvons clairement que la WRRC n’a pas atteint aujourd’hui son objectif et que certaines (voire toutes) des propositions faites ici seraient nécessaires. Voilà c’est mon point de vue, mais je ne suis qu’un simple danseur de loisir et social, néanmoins j’ai été arbitre de hand au niveau national en France, j’ai donc un peu d’expérience sur ce qu’est un jugement par rapport à un règlement, j’en connais aussi la difficulté !

Ci-dessous une sélection d’articles sur ce qui s’est produit au patinage artistique ou en gymnastique et qui éclaire toutes les problématiques d’un jugement d’une activité sportive artistique.

Article de l’Express du 14/12/2000

Patinage artistique: juges et parties

Les arbitres de ce sport manquent souvent d’objectivité. Et ce n’est pas près de changer

Jugements partiaux, notes erronées… le patinage artistique est le théâtre de luttes d’influence qui ternissent depuis longtemps son image. Comme en gymnastique, l’évaluation des performances est l’affaire d’un jury, dont les membres sont choisis selon leur nationalité. Ce mode de fonctionnement n’est pas infaillible. Difficile, en effet, pour un juge russe ou américain de mal noter un patineur représentant son pays. Mais ce n’est pas tout. «Les alliances entre juges de nations amies ne sont pas rares, affirme Didier Gailhaguet, président de la Fédération française des sports de glace (FFSG). Il faut revoir le système actuel pour rendre les notations plus objectives.» En juin dernier, lors du congrès de l’Union internationale de patinage, (ISU), Didier Gailhaguet avait proposé une refonte du dispositif. Son projet: évaluer les juges tout au long de la saison pour permettre à l’ISU d’établir un classement mondial… des juges. «Seuls les irréprochables doivent officier lors des compétitions internationales, explique-t-il. Peu importe qu’ils soient tous canadiens ou biélorusses s’ils sont les meilleurs.» Mais, un brin conservateurs, les délégués asiatiques avaient fait capoter le projet. Conséquence: les manigances ont encore un bel avenir, puisque le prochain congrès de l’ISU aura lieu en 2002, après les Jeux de Salt Lake City. Même si le patinage classique semble moins touché que la danse sur glace, le temps presse. «Il y a assez peu d’injustice en individuel ou en couple, car la moitié de la note évalue la technique pure, remarque Philippe Mériguet, l’un des meilleurs juges français. En revanche, la danse sur glace est davantage soumise à la subjectivité.» Certains juges continueront certainement de voter «à l’ancienne». Sans forcément se soucier de la crédibilité de leur sport.

Dossier : comprendre le système de jugement

Que serait le patinage sans les juges ? Qui sont ces personnes cachées derrières leurs ordinateurs de l’autre côté des balustrades ? Des bénévoles, des passionnés et plus encore. Et puis, comment pourrait-on apprécier notre sport favori sans en comprendre les règles du jugement ?

Natacha Pontonnier, juge international en danse et juge national en synchro est assise derrière les balustrades déjà depuis 12 ans. Ancienne patineuse junior en couple à l’école lyonnaise de Muriel Zazoui, a accepté très gentiment de nous dévoiler tous les secrets de son métier et de nous élucider le nouveau système de jugement.

Apprécier le patinage, c’est le comprendre

Peux-tu nous expliquer le fonctionnement du NSJ (Nouveau système de jugement) ?

Le NSJ consiste en une attribution de points qui résultent de la valeur d’un élément lié à sa complexité et du fait que cet élément soit bien ou mal exécuté. Des fois cela peut apporter plus de présenter un élément facile bien exécuté qu’un élément difficile mal exécuté.

Notre appréciation porte sur deux aspects : la technique et l’artistique.

La note technique

Le juge apprécie seulement comment chaque élément a été exécuté à l’aide des GOE (grade of exécution) allant de -3 à +3. Il existe pour cela des critères précis qui nous aident à établir si tel ou tel élément a été bien fait ou pas.

Par exemple pour une pirouette, on regarde la justesse de l’entrée et de la sortie, la vitesse de rotation, la fluidité, le changement de pied et de position etc. On peut également faire des déductions si par exemple le patineur repose son pied ou s’il n’est pas sur la musique. Ou au contraire augmenter d’un grade s’il présente des positions originales.

Ce système permet de mettre un GOE 3 à un simple Axel si son entrée est très jolie, si le saut s’élève très haut et s’il tourne vite. D’un autre côté, on peut donner un GOE moindre à un triple Axel levé de manière lourde avec un long temps de préparation et une jambe qui flageole à l’arrivé. En résumé, on ne regarde pas la difficulté de l’élément. Peu importe si le patineur fait un simple saut ou un quad, on note simplement l’élément tel qu’il est présenté. De la notation de tous les juges pour chaque élément, l’ordinateur enlève la note la plus basse et la plus haute et fait une moyenne des notes restantes. Cette moyenne est ensuite multipliée par un coefficient spécifique à chaque élément (selon une échelle de valeurs car une spirale ne vaut pas pareil qu’un saut) et également avec le LEVEL donné par le panel technique.

LES LEVELS – les niveaux de difficulté sont codifiés et attribués par les Technical Specialists et les Technical Controlers. Pour vous donner quelques exemples :

Pour un porté stationnaire en danse, le panel technique attribue : un level 2 : si la pose est simple et si le patineur tient la partenaire seulement 3 seconde un level 4 : si la pose est difficile et s’il y a un changement de position

Pour une séquence de pas : un level 1 : des chassés, des courus un level 2 : des mohawks, des croisés un level 3 : des choctaws, des rockets

Les déductions (-1 par exemple), visibles à l’écran sous le score, sont données soit par le juge arbitre soit par le technical panel suite à une violation de la durée du programme, des portés trop longs, suite à l’ interruption du programme, à un costume inapproprié, à des éléments illégaux, à une chute…

Spécifiquement la chute vaut aujourd’hui très cher, c’est une triple sanction. Les juges ne peuvent pas attribuer un bon GOE, le panel technique met un moindre level et en plus on peut déduire un point du résultat final.

La note artistique

L’aspect artistique est le plus dur à juger. Il comprend cinq composantes qui doivent être notées de 0 à 10 point par intervalle de 0,25. Pour chaque composante on a une échelle de valeur avec des critères précis qui nous aident à les évaluer.

Les transitions (on regarde si elles sont compliquées, s’il y a de différentes tenues des mains…) Les skating skills (on regarde si le patineur fait de carrés profondes, s’il va vite, s’il a une sureté dans ses carrés…) La performance (l’investissement physique, l’unisson, le style, la projection) La chorégraphie (si elle est bien construite, les éléments bien placés, si elle va avec la musique, l’originalité, l’utilisation de l’espace…) L’interprétation

Quels sont les avantages et les inconvénients du NSJ ?

Avant, il s’agissait d’un jugement relatif, c’est-à-dire comparatif. Désormais nous avons à faire à un jugement à valeur absolue où il est strictement interdit de comparer. Le NSJ est donc moins subjectif. On a un vrai cadre avec des tableaux, des critères, des descriptifs… La séparation des tâches des juges et du panel technique se révèle bénéfique dans le sens où on ne peut pas tout voir. D’un autre côté ce système de jugement basé sur l’appréciation de chacun des éléments ne nous permet plus aussi facilement qu’avant d’apprécier un programme dans sa globalité, de percevoir l’histoire d’un programme, d’être ému. Du côté des sportifs, les classification lists aident les patineurs dans leur préparation. Avec les profs, ils peuvent voir comment chaque élément a été apprécié et sur quoi il faut donc travailler davantage.

Le principal inconvénient réside dans le fait que les juges sont déresponsabilisés. Avant il fallait se justifier si on mettait par exemple en première position un patineur classé cinquième. Aujourd’hui, on reste anonymes et on ne se justifie plus. Cela nous met un peu à l’ombre, on se remet moins en question et il est plus difficile de se perfectionner et de tirer des leçons de nos erreurs. Cependant on ne peut pas juger n’importe comment car il existe une sanction dans le cas on sortirait du corridor, c’est-à-dire si on met par exemple un GOE de +3 alors que la moyenne est de -2. Cela a pour conséquence que les juges qui ont peur d’être sanctionnés ne mettent pas les notes extrêmes ce qui rend la notation moins spectaculaire.

Ensuite, on n’a plus le temps d’apprécier le programme dans sa globalité. On est comme des robots qui notent des programmes de plus en plus similaires. Les patineurs prennent moins de risques et montrent des programmes moins spectaculaires et moins originaux. Ils sont plus intéressés par les levels que par le GOE. Candeloro a par exemple beaucoup apporté au patinage, mais il serait aujourd’hui en bas des classements. C’est la réalité du NSJ mais aucun système ne peut être parfait.

La passion d’être juge

Comment devient-on juge ?

En général, le juge est une personne qui a patiné auparavant et a obtenu des médailles mais ceci n’est pas obligatoire. Elle doit donc avoir une licence mais ne plus être compétiteur. Il faut également avoir un peu de temps libre car cela prend les week-end, de plus il est nécessaire de se mettre régulièrement à jour sur le règlement. Les juges sont des bénévoles, nous ne sommes pas payés, mais les frais de déplacement sont bien sûr pris en charge.

J’aimerais souligner qu’on n‘est pas assez nombreux, tout le monde est donc bienvenu. Il suffit d’aller voir le président de votre club qui vous mettra en relation avec le responsable des juges de votre ligue respective. Puis, pendant un an vous serez juge stagiaire et vous jugerez en blanc au côté d’un juge. Vous suivrez également une formation et l’année suivante vous pourrez déjà commencer à juger pour de vrai. Il y a un système de progression des juges. On commence au niveau des interclubs puis on peut monter si la CNOA (commission nationale des officiels d’arbitrage). Par la suite, il faut suivre des formations de remise à jour tous les un ou deux ans.

Comment se déroule une journée de compétition pour les juges ?

Avant la compétition, on a une réunion des juges pour rappeler essentiellement le règlement. Il nous est interdit par exemple de parler avec la presse durant toute la compétition ou avec qui que ce soit de l’épreuve et des compétiteurs. L’idée est de nous couper du monde pour qu’on ne soit pas influencé par des opinions d’autrui et pour qu’on reste ainsi fidèle à notre propre objectivité. Une fois qu’on a jugé, on retourne dans la salle des juges pour se faire distribuer les classification lists mais on a pas le droit de les commenter. C’est seulement à la fin de la compétition, lors de la dernière réunion des juges qu’on rédige tous ensemble un rapport sur le championnat qui sera envoyé à la fédération et à ISU. Ceci a pour objectif de faire passer des messages, des remarques, des critiques sur le règlement que la compétition nous a révélée. Par exemple on peut trouver que le fait d’avoir interdit un élément sur le costume est finalement plutôt néfaste, que 4 portés au lieu des 5 prescrits suffiraient etc. Il s’agit de préconisation pour améliorer l’intérêt de ce sport et de son développement pour les années suivantes.

Excellent article sur le cas de Salt Lake City en danse sur glace aux jeux Olympiques… ==> https://sociologies.revues.org/3192

29 mars 2013 BEIN SPORT

Le nouveau scandale artistique du patinage

La technique des patineurs n’aura jamais été autant mise en valeur, l’aspect artistique du patinage demeure lui sous le feu des critiques. Après l’attribution de composantes excessives lors des derniers Mondiaux, à London, les polémiques ont resurgi quant à la validité du système de notation actuel, mis en place après le scandale de JO de 2002. Ce serpent de mer du patinage saura-t-il résister à une énième controverse, à moins d’un an des Jeux Olympiques ?

Patinoire semi-déserte à London, absence de grande star… C’est un fait, le patinage artistique se porte mal et supporterait difficilement un énième scandale. Mais la subjectivité liée à un système de notation opaque pour le grand public a tôt fait d’amener une nouvelle vague de protestations lors des derniers championnats du monde (lire : Mondiaux 2013 : derniers coups de patins avant les Jeux).

« Je ne comprends plus mon propre sport », tweetait ainsi Christina Gao à l’issue du programme libre messieurs, tandis que l’Américain Johnny Weir abondait dans ce sens : « Le jugement est ridicule et la seule raison pour laquelle les gens l’approuvent est parce que cela se passe en Amérique du Nord. Imaginez les protestations s’il s’agissait de la Russie et Plushenko ?! ».

Assassines, ces déclarations font explicitement références aux notes et à la troisième victoire mondiale consécutive de Patrick Chan, fortement contestées. Déjà présent et décrié par le passé (notamment lors des Mondiaux de Nice), ce phénomène appelé « Chanflation » symbolise parfaitement la polémique entourant ces dernières saisons les composantes, ces notes censées juger de la qualité artistique d’un programme (lire : Patinage artistique : la notation expliquée aux béotiens).

Ainsi, la qualité du patinage (skating skills), qui prend en compte divers aspects du patinage (la glisse, la vitesse, la profondeur des carres etc.) de Patrick Chan lors du libre des derniers Mondiaux s’est de nouveau retrouvée sous les feux des projecteurs lorsque les juges l’ont finalement estimée à 9,11 points (sur 10), soit la meilleure marque de tous les concurrents. Et ce malgré deux chutes, ainsi qu’un programme sans faute de son adversaire principal pour le titre, Denis Ten.

On peut aussi pointer du doigt la note accordée – toujours au Canadien – à la performance et l’exécution du programme, qui comprend également la réussite, ou l’échec, du patineur sur certains éléments techniques. Si la marque de Chan est logiquement inférieure à celle de Ten (8,61 contre 8,89), celle du champion du monde avait suscité l’ire des observateurs l’an passé, le Canadien battant son rival Daisuke Takahashi de 0,39 point. Et ce malgré, encore une fois, un programme entaché d’une chute.

Les composantes ne reflètent donc pas toujours la réalité des programmes. Cette deuxième note n’évalue pas systématiquement la qualité d’un programme, mais permet aussi de « protéger » certains grands noms en difficulté lors d’une compétition. Ce point, déjà soulevé en 2010 lorsque Joe Inman recommenda à ses confrères de noter avec sévérité les transitions – ou plutôt leur absence – d’Evgeni Plushenko lors des Jeux Olympiques de Vancouver, est de nouveau discutable lorsque l’on regarde de plus près la marque accordée à Chan à London. Si le 9 sur 10 ne choqua personne tant sa maîtrise du sujet est reconnue, l’écart des notes attribuées par les juges est plus surprenant : elles varient ainsi de 8,75 à 9,75 !

Une notation de réputation : la défaillance du jugement humain ?

Bref, ces composantes, accueillies avec un certains scepticisme cette saison, soulèvent tant d’interrogations que même les patineurs ont reconnu à demi-mots être surpris par celles-ci, Patrick Chan et le couple allemand Aliona Savchenko-Robin Szolkowy en tête. Les composantes semblent avoir davantage favorisé les meilleurs représentants de la discipline que les « sans-grades » du patinage ; tiendraient-elles compte de ce que les patineurs peuvent réaliser, à défaut de ce qu’ils ont réellement produit sur la glace ? La réputation aurait-elle un impact plus ou moins conscient dans l’esprit des juges ?

Une question qui entoure aussi les GOE, ou grades d’exécution, attribués par les juges sur les éléments techniques et qui ont aussi crée la polémique. Le contraste entre les exclamations du public suite à la belle prestation de Brian Joubert lors du libre sur Gladiator et sa faible note technique ont soulevé à leur tour nombre de controverses. Les GOE, particulièrement sévères, l’ont ainsi rétrogradé à une anonyme neuvième place, alors qu’il semblait en lice pour une médaille. Même sentiment mitigé après le libre empli de transitions et d’une belle vitesse d’exécution de Kaetlyn Osmond, majoritairement récompensé de +1. Son palmarès quasi vierge chez les seniors et sa première participation à des championnats du monde auraient-ils fait office de « facteurs aggravants » ?

Ces éléments de différenciation entre l’exécution des sauts ou autres pirouettes sont, encore une fois, soumis à la subjectivité des juges. En l’absence d’une règlementation précise, les patineurs et leurs erreurs – sauts retournés ou sur deux pieds, pirouettes « instables » – ont donc leur sort réservé entre les mains de juges dont les écarts de notes, à l’instar des composantes, peuvent être importants. Il n’est pas rare de voir se côtoyer GOE positifs et négatifs pour un seul et même élément !

Dans un système de notation particulièrement codifié, la part de liberté des juges n’a sans doute jamais été autant remise en question. Une aberration dans un sport artistique où le jugement humain ne peut être remplacé et ne peut dès lors satisfaire tous les observateurs. Les GOE et les composantes demeurent toutefois la seule ingérence des juges dans la notation des patineurs.

C’est ainsi qu’une chute, sanctionnée d’un point de déduction, ne peut être davantage punie qu’avec l’intrusion des -3 de la part des juges. Une erreur en fin de compte peu rédhibitoire qui continue de désarçonner le grand public, déconcerté face à la victoire de Patrick Chan ou du couple russe Tatiana Volosozhar-Maxim Trankov, à London.

Dans ce système de notation reposant sur la séparation de la technique et de l’artistique, personne ne s’y retrouve, les composantes « achevant » d’entretenir le flou auprès du public. « C’est trop, le public ne comprend pas suffisamment à quoi cela correspond. Entre l’interprétation et la chorégraphie… Il faut avoir fait Maths sup ou l’ENA pour saisir la différence », regrettait l’entraîneur Annick Dumont dans Le Monde.

Si l’instauration d’une règlementation « parfaite » voire mécanique est impossible, le patinage artistique ne sera jamais à l’abri d’un énième scandale comme celui qui a secoué les Jeux Olympiques de Salt Lake City, en 2002. Alors que le célèbre « 6.0 », ludique et compréhensible pour le grand public, contribuait au succès du patinage, le nouveau système peine encore à trouver un juste milieu entre la codification des éléments, censée empêcher toute forme de tricherie, et le jugement humain. Il aura au moins eu l’avantage de faire progresser le niveau technique du patinage, Javier Fernandez et Kevin Reynolds ayant été sacrés champion d’Europe et des Quatre Continents par la grâce de trois quadruples sauts dans leurs libres.

Dernière modification 28/01/2021 par francois

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